Cedrick « Doggie »
Murray, le tueur à gages du terrible gang Stone Crusher se fait abattre
par la police en 2010. On retrouve sur
lui, celui qu’il appelait son « meilleur ami », un Cigpro 9 mm,
ainsi qu’un étonnant journal intime où l’assassin se livre avec une authenticité…
déroutante. Extrait :
“ Tout a commencé à mes douze ans, écrit-il. Ma vie
a rapidement sombré dans la criminalité et la prison m'a appris beaucoup de
choses - des bonnes comme des mauvaises.” Au début des années 90, Doggie se
retrouve pris dans les affrontements qui opposent les deux petits gangs de
Mo'Bay (et part) se mettre au vert aux States. Lorsqu’il rentre au bercail, il
a appris à tuer. (…) Mais
Doggie reste un tueur de l'ombre. Son
truc, ce sont les contrats. Il passe le plus clair de son temps à voyager dans
l'île, pour tuer des gens. Pendant ce temps, la police élimine un à un les Dons
du Stone Crusher, son gang. Désormais isolé,
Doggie fait son apparition sur la fameuse liste des most wanted en 2002 - on
lui impute six meurtres dans la seule paroisse de St James et un triple
homicide sur Felicity Road, à Montego Bay. Il s'enterre dans le fief
forteresse de Christopher “ Dudus ” Coke : Tivoli Gardens, à Kingston ouest, en compagnie du nouveau Don du gang, Eldon Calvert. Cette période, d'après son journal,
respire la solitude profonde et le désespoir d'un quotidien éloigné de ses
proches. En janvier 2008, la police fait une incursion à Tivoli. La poudre
parle mais au milieu du chaos, Doggie et Calvert parviennent à s'enfuir de leur
appartement quelques minutes seulement avant qu'il ne soit pris d'assaut par
les forces de l'ordre. L'opération coûte la vie à six personnes.
Calvert
se fait arrêter peu après. Seul et en cavale, Doggie vit deux années
difficiles, avec la police aux trousses, sans savoir à qui se fier. Dudus
l'accueille toujours dans son fief mais les liens semblent fragilisés depuis
qu’un politicien du JLP accuse le tueur de l’avoir menacé. Doggie trouve
le moyen d'y remédier lors de l'assaut sur Tivoli, en 2010. Il a toujours
affirmé que son arme était au service de son Don ; il le prouve à cette
occasion. Il fait même venir des membres du Stone Crusher à Tivoli pour grossir
les rangs de l'armée de Dudus. Un bon moyen de prouver sa loyauté. Durant
les trois jours de fusillade, Doggie se bat comme un enragé. “ J'ai fait feu
avec mon AK jusqu'à ce que je ne sente plus mon index, j'ai avalé de la poudre
jusqu'à ce que je me mette à suffoquer. ”
Par la grâce de Dieu, il sort vivant de cette terrible épreuve. “ Et mon
Don est libre ”, conclut-il. Ayant fui au milieu des combats, Christopher “
Dudus ” Coke ne se fait arrêter que quelque temps après.
La
situation de Doggie empire. Il se retrouve dans les collines de St Andrew,
perdu dans le bush, au milieu de la végétation, hanté par la peur et les
humeurs suicidaires, obsédé par sa belle reine à la peau d'ébène et son bébé de
six mois. “ Je suis vivant, dit-il, mais ceci n'est pas une vie. Je suis assis
là et je ressasse ma vie. Hier, j'ai dû m'enfuir dans les collines, sous la
pluie - fausse alerte. J'ai raté ma vie. (…) Je suis partout et nulle part, mes
enfants me manquent terriblement, la vie ressemble parfois à des sables
mouvants. (…) Je mène une lutte intérieure contre la peur, la dépression et la
colère. J'avais tant de choses à offrir, mais j'ai laissé mes sentiments
m'entraîner vers la colère, et voilà où cela m'a mené - je vis la vie d'un
fugitif. J'aurai passé la plus grosse partie de ma vie avec la police aux
trousses.” Doggie tente de garder espoir
mais sa “ belle reine à la peau d'ébène ” finit par le lâcher, fatiguée des
coups, du stress. Il dit la comprendre, ne pas lui en vouloir. Son bébé lui
manque. Doggie attend la fin avec quelques remords, mais aucun regret. “ Je ne
regrette rien de ce que j'ai fait par le passé, je suis un vrai gangster, hardcore. (…) Si je suis acculé, je me
battrai jusqu'au bout.”
Retrouvez la suite dans Les Gangs de Jamaïque.
(c) Natty Dread éditions 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire